« J’adore l’illustration, mais dans mon business je ne vois pas trop à quelle occasion je ferais appel à un.e illustrateur.ice ».
Une phrase que j’entends souvent au détour des conversations, mais détrompez vous ! Illustration et business font extrêmement bon ménage.
Découvrez ci-dessous 3 exemples emblématiques d’entreprises françaises qui ont connu de véritables success stories. Et l’emploi d’un illustrateur n’y est pas pour rien !
Celui qui s’est levé du bon pied : le guide du Routard 🌎
Do you know le Guide du Routard ?
Connaissez vous un seul français qui ne soit pas capable d’identifier la silhouette iconique du Routard et de son sac à dos globe ? Je n’en connais aucun !
Il suffit de l’apercevoir, même de loin, et on sait que l’on a affaire au célèbre guide. Que ce soit dans les rayons des librairies ou sur les devantures des restaurants et hôtels, sa silhouette est encrée dans la mémoire collective des français.
La première version du logo illustré date de 1975, et on la doit au dessinateur Jean Solé.
Une manière infaillible de déterminer si on a affaire à un logo bien illustré : il a assez peu d’évolué en 47ans de vie. On le voit bien, le Routard a perdu sa moustache et ses pattes d’eph (pour mieux sortir de la niche « baba-cool »), mais tout l’esprit du premier dessin est resté.
Un dessinateur bonne pomme
A ce jour, illustration et business ont fait bon ménage puisque le guide du Routard frôle les 50 millions d’exemplaires vendus depuis sa création. Il est difficile de dire à quel point le personnage iconique du Routard y est pour quelque chose, mais je pense que vous serez d’accord avec moi : il n’y est pas pour rien !
Attention aux mauvaises pratiques cependant. C’est à son nom que l’auteur du guide, Philippe Gloaguen, a enregistré le logo du Routard. Ainsi, il a empêché dès le début son dessinateur Solé de percevoir des royalties sur le dessin.
L’histoire ne dit pas s’il existe d’autres types d’arrangements entre eux.
Il s’agit d’un bon cas d’école néanmoins. On rappelle qu’un illustrateur peut et doit faire payer des licences d’utilisation ou de cession des droits.
Celui qui est né dedans : Le chocolat des français 🍫
Un paris à Paris
Le chocolat des français c’est une entreprise créée en 2014 par trois amis parisiens : Mathieu, Paul-Henri et Vincent. Le concept est le suivant : (re)donner une visibilité forte au chocolat français, un peu éclipsé par celui confectionné par les Belges ou les Suisses.
En plus d’un marketing estampillé « made in France » qui a cartonné, les trois amis ont tenu à s’engager d’un point de vue éthique. Traçabilité impeccable et label BIO sont donc au rendez-vous.
Selon moi rien de très différenciant, mais tout de même obligatoire si l’on veut accéder à un positionnement premium.
T’as le look choco
Là où la magie opère, c’est dans la touche esthétique.
Les fondateurs, qui sont passé par des écoles d’art, ont installé dès le départ un ADN graphique très fort. Et c’est pari réussi !
Le parti pris est simple : chaque mois, un nouvel artiste est en charge d’illustrer les emballages des plaquettes. On a donc bien un produit de consommation de haute qualité, doublé d’une mini galerie d’art.
Parmis milles avantages, laissez moi vous citer les trois principaux selon moi.
Atout numéro 1 : tout cela est extrêmement instagrammable, et donc en explosion totale sur les réseaux sociaux. Les consommateurs taguent et repartagent volontiers parce que c’est beau. Tout comme les artistes d’ailleurs, ce qui augmente considérablement le reach.
Atout numéro 2 : l’acheteur intègre sans effort le circuit fermé des amateurs d’art, et intègre une élite, une communauté. Ainsi, il se sent valorisé dans son achat, et associe ce dernier à une émotion positive.
Atout numéro 3 : la flexibilité du concept. Editions limitées, séries spéciales en fonction d’évènements, de la saisonnalité, personnalisation… tout est possible ! Et sans dénaturer l’ADN de la marque : brillant.
Un modèle à décliner à volonté !
Vous l’aurez compris, l’ingrédient magique de la marque, c’est un joli réseau d’artistes. Issus du Street Art, de la BD et de l’illustration, ils sont plus de 400 à avoir dessiné des packagings. La marque collectionne d’ailleurs les récompenses aussi bien en gastronomie qu’en publicité & marketing. Illustration et business, un nouvel exemple d’une équation gagnante.
Consultez la galerie d’artistes qui ont travaillé avec Le chocolat des Français.
📌 Je vous glisse un autre exemple que je trouve super beau et qui est dans la même veine. La preuve que l’on peut appliquer la méthode à n’importe quel produit.
Découvrez la brasserie Fauve, qui fait elle aussi appel à des artistes pour illustrer ses bouteilles de bière : de pures beautés.
Celui qui est resté fidèle : My Little Paris 🎁
Une boite multi-céphale
Cette entreprise parisienne (qui était à l’origine une association) est un véritable caméléon multi-potentiel à l’origine de différent concepts.
Tout commence en 2008 avec cinq copines qui créent un blog/newsletter qui répertorie les bons plans sur Paris. S’en suivent la célèbre box beauté My Little Box en 2011 (l’une des premières en France), puis la Gambette Box, My Little Kids, My Little World, la Maison de vacances My Little Paris et même une communauté de femmes entrepreneurs appelée Mona.
L’entreprise, rachetée par TF1 en 2018, représente aujourd’hui 145 collaborateurs, pour 5 millions d’adeptes. Ce sont également 250 000 box expédiées tous les mois.
L’illustration intégrée au concept, et ce dès le début
Malgré leur bougeotte et leur curiosité évidente, les organisatrices travaillent avec la même illustratrice depuis le tout début en 2009 ! Et elles ont bien raison de montrer tant de régularité.
L’illustratrice Kanako Kuno et son style « à la Sempé » est effectivement indissociable de My Little Paris. Et de ses nombreux formats ! L’artiste illustre les articles du blog, les newsletters, les box, la papeterie, le papier-peint… bref, tous les supports imaginables. Une fois de plus, illustration et business se tiennent par la main.
Et c’est une très bonne idée. Car cela donne à la marque une cohérence sans égal dans tout ce qu’elle entreprend. Les clientes identifient facilement cette dernière dans les nouveaux concepts, et se sentent rassurées par cet univers familier.
Découvrez les coulisses créatifs de My Little Box à travers les articles « les mains dans la box ». Ils expliquent notamment la différence de rôle entre la graphiste et l’illustratrice de l’équipe, super intéressant.
Découvrez ci-dessous l’article que j’ai rédigé sur le sujet :
Et si vous voulez en découvrir plus sur Kakano Kuno, elle a fait un petit « draw my life » tout mignon.
J’ai encore beaucoup à apprendre, mais j’ai aussi tenté l’exercice par ici.
Le storytelling : l’ingrédient du succès
Pour résumer, il est difficile de déterminer exactement le rôle de Kanako sur le succès de My Little Paris. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais je suis convaincue qu’il a été, et est encore, déterminant.
✨ On a beaucoup entendu parler de storytelling ces dernières années. Et à raison: c’est désormais un incontournable de toute stratégie marketing qui se respecte. Faire rêver, raconter des histoires, mettre des paillettes dans l’expérience client : qui mieux que les artistes pour accomplir cette prouesse ?
« On est en train de passer d’une course de l’audience à une course de l’attention, […] de l’ère des codeurs à l’aire des conteurs. »
Céline Orjubin, co-fondatrice de My Little Paris
Pour découvrir les derniers projets d’Animal Anormal, et vous donner d’autres idées d’application c’est par ici ! 👇
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